Récemment rénovée, la gare internationale de Rotterdam est devenue un point de rendez-vous international et un des symboles du renouveau de la cité et du dynamisme créatif qui n’a cessé de porter son évolution. Un projet emblématique aussi de la pertinence de l’architecture pour réinventer la ville.
Exploitant sa position géographique stratégique, à l’embouchure du Rhin et de la Meuse, Rotterdam, premier port européen et quatrième mondial, incarne le cœur industriel des Pays-Bas. La ville puise sa force et son identité dans les heures les plus sombres de son histoire : le 14 mai 1940, la Luftwaffe détruit la quasi intégralité du centre afin de réduire les velléités de résistance du peuple néerlandais.
Après la Seconde Guerre mondiale, seuls quelques bâtiments à la valeur symbolique sont conservés comme témoins du passé ; le reste, en ruine, est rasé. Le champ est alors laissé libre aux acteurs de la reconstruction, qui se font les chantres d’un urbanisme moderne, aéré et horizontal, aux larges boulevards et au béton roi. Les principaux axes de circulation sont élargis, le port restructuré, les espaces verts multipliés et la gare centrale rebâtie.
Mais dépassée au début des années 1980 par l’aura touristique de son éternelle rivale Amsterdam, et ébranlée par les chocs pétroliers successifs, la ville, en quête de reconnaissance, prend un nouveau virage : elle diversifie ses activités économiques et commerciales, promeut l’architecture et le design contemporains. Des bâtiments iconiques voient alors le jour, comme le pont Erasmusbrug, l’immeuble De Rotterdam, ou encore les bâtiments du Timmerhuis. Plus symbolique encore, la gare est rénovée en 2014 par la Team CS et devient un des emblèmes de la grande variété architecturale de la ville, composant un paysage urbain paradoxalement harmonieux.
Traversée chaque jour par près de 110 000 personnes (prévision portée à 323 000 pour 2025), la gare Centraal Station occupe une position centrale dans le pays, reliant rapidement les Pays-Bas à nombre de ces voisins européens. Lieu de départ des trains mais aussi tramways, métros et autobus, elle a été lourdement rénovée afin de mieux supporter cette vision internationale mais aussi de relier plus harmonieusement le nord et le sud de la ville.
Plusieurs éléments symboliques de la gare originale signée de Sybold van Ravesteyn ont été conservés et intégrés dans le projet, comme l’horloge et les grandes lettres en façade. L’intérieur, tout en bois et verre, offre un cocon chaud et accueillant, alors que le revêtement extérieur en acier donne au bâtiment majesté et grandeur. La structure est aérienne grâce au dessin en Y des piliers qui soutiennent le toit en partie recouvert de 130 000 cellules photovoltaïques pouvant dégager une puissance de 320 mégawatts par an !
Largement transparente, la charpente recouvre toutes les voies sur une longueur de 250 mètres et inonde les plates-formes de lumière. Les deux façades principales sont traitées en opposition : au nord, l’entrée se veut plus modeste en accord avec le caractère de ce quartier et le plus faible passage ; au sud, elle se démarque par une grande aile oblique qui apporte dynamisme et modernisme, marquant plus nettement son aura internationale. Au premier plan, l’esplanade est libérée de tout obstacle et valorisée comme un grand vide urbain. La pierre rouge déjà présente à l’intérieur se prolonge sur le sol de cette place publique, pour mieux fusionner gare et ville.
Centraal Station est aujourd’hui un hub (re)taillé pour l’échelle internationale, pensé comme un point de rencontre emblématique dans Rotterdam. C’est aussi un noyau qui relie les diverses facettes de la ville, un point cardinal sublimé par une architecture forte et qui fait sens.
Fiche technique:
Architectes: Team CS (Benthem Crouwel Architects, MVSA Meyer en van Schooten Architecten, West 8)
Maître d’ouvrage: Commune de Rotterdam et ProRail
Localisation: Rotterdam, Hollande
Surface utile brute: 46 000 m²
Livraison: 2014
Photographe: Ossip van Duivenbode – rotterdammakeithappen.nl